Les Microbes de Dieu, ils ont lu, ils ont dit

Les Microbes de Dieu... Un livre décapant pour les neurones…

Cette chronique – la toute première –  élogieuse en diable n’a pas résonné dans l’esprit de la petite trentaine d’éditeurs à qui j’ai envoyé ce texte et le livre en service presse et qui tous l’ont refusé au motif qu’il était autoédité (quoique tout juste sorti de l’imprimerie !)

Culture Chronique – 3/02/2012 – Marie Brétigny (lien obsolète, mais qu’importe le contenant au vu du contenu !)

Il arrive que la rencontre avec un roman soit l’une de ces rencontres essentielles qui influent sur votre vision du monde. Quand vous aurez lu la dernière ligne, quand vous aurez épuisé la trame du récit, quand vous aurez glissé l’ouvrage à regret dans un rayonnage de votre bibliothèque, il restera un écho inextinguible au fond de vous, le cœur du roman continuera à battre dans votre cœur et vous avancerez dans la vie transformé par cette lecture.

Les microbes de Dieu  est l’une de ces grandes œuvres littéraires, l’une de ces fresques romanesques où le récit croise la philosophie et les sagesses ancestrales. D’abord le titre qui peut étonner mais qui m’a immédiatement renvoyée à la pensée de Pascal : « Car enfin qu’est-ce que l’homme dans la nature ? Un néant à l’égard de l’infini, un tout à l’égard du néant, un milieu entre rien et tout. Infiniment éloigné de comprendre les extrêmes, la fin des choses et leur principe sont pour lui invinciblement cachés dans un secret impénétrable, également incapable de voir le néant d’où il est tiré, et l’infini où il est englouti. » C’est ce milieu entre rien et tout que l’écrivain va poursuivre à travers ces 520 pages de bonheur littéraire absolu.

Par une longue et froide soirée d’hiver, j’ouvris donc l’épais ouvrage et commençai ma lecture. D’abord captivée par les premières pages, je fus progressivement envahie par l’émotion. J’étais seule, ce livre pour compagnon, et le silence pour témoin. Les mots défilaient, irriguant peu à peu mon esprit et une étrange vibration me fit cesser momentanément ma lecture après une quinzaine de pages, submergée par la beauté d’une écriture qu’il ne m’avait pas été donnée de rencontrer depuis bien longtemps. Sous la plume de Mélanie Talcott, ce qui aurait pu être une banale histoire de reporter prenait une dimension hors du commun.

L’auteur, fortement inspirée des sagesses ancestrales, notamment asiatiques et perses, dévoile la possibilité d’un monde meilleur. A travers une écriture picturale que Van Gogh n’aurait pas reniée, Talcott met en lumière les paradoxes des personnages, et nous plonge dans un univers de bruit et de fureur, convaincue de la nécessité des extrêmes pour obtenir notre équilibre vital, allant jusqu’à remettre en question les bonnes intentions d’associations bien connues, mettant en doute leurs réelles motivations individuelles à travers le collectif, renversant les autels des religions et ses sacrosaintes institutions, sans omettre une critique radicale vis à vis de nos politiques, à travers les pensées d’un de ses personnages, le cardinal Jan Wilewski et l’enchevêtrement d’affaires politico-économico-religieuses.

Face aux injustices, à la violence et la misère qui nous entourent ? N’avons-nous pas tous eu envie, ne serait-ce que quelques instants dans notre vie, de changer le monde. Oui mais pour lequel ? Avant d’amorcer le moindre changement, il nous faudra nous poser bien des questions. Changer le monde, oui. Mais comment ? Par quoi commenceriez-vous ? Sachant qu’il vous faudrait tenir compte d’éléments humains non négligeables. Quel prix seriez-vous prêts à payer ? Et quels sacrifices accepteriez-vous de faire ? Ce monde rêvé serait sans doute plus sage mais ne manquerait-il pas des saveurs et des couleurs à un tel monde ? Pourrait-on vivre sans les excès qui sont une part de notre identité ? Et puis, refaire le monde, l’envisager autrement, c’est aussi tenir compte des dissonances de l’humain et de la vie : dualités indépassables ; spirituel ou mystique, pas d’obscurité sans lumière, pas de bien sans mal, pas de chaleur sans froid, pas de richesses sans misère, pas de paix sans conflits, pas d’hommes sans femmes, autant d’oppositions vitales et de valeurs extrêmes que l’auteur fait peser dans la balance, puisant dans l’histoire du monde depuis l’antiquité.

Les microbes de Dieu est un roman puissant qui décortique notre société, évalue le passé et propose une analyse de notre système économico-politico-religieux. Cheminement impitoyable et salutaire qui pointe tous les dysfonctionnements sociaux et les égarements de l’individualisme.

C’est à travers l’histoire de Sasha et la lutte de Neill, aidée en cela par Shamaël, merveilleuse narratrice témoin de notre monde, que l’auteur va se lancer dans la construction d’un monde moins mauvais, à défaut d’être meilleur… Sur une terre agressée et en souffrance, lors de funérailles dans un cimetière où un reporter s’est aventuré, un sniper fou profite de la cérémonie pour assassiner aveuglément ; des tirs, des cris, l’affolement, des pierres explosent, des corps tombent, du sang, une enfant à terre, l’ultime horreur, la douleur, puis le noir… A terre, deux côtes cassées, seule une pensée pour sa petite fille et son compagnon disparus s’imposent à Sasha avant de s’évanouir. Suite à l’attentat auquel elle vient d’échapper, Sasha Miller, 42 ans, photographe de guerre, est internée dans un service psychiatrique, sous le coup d’un stress post-traumatique important. Prise en charge par le Dr Martin, Sasha ne peut plus fuir. Les questions se succèdent sans répit.  Pourquoi faisait-elle ce métier ? Faites-vous ce métier Sasha ?  Que désirait-elle le plus au monde ? Qui était-elle vraiment ? Agacée mais également interpellée, Sasha se souvient pourtant : à l’époque, elle voulait « Témoigner pour changer le monde. »… « Elle n’avait pas le temps pour l’amour ». Elle se souvient de ses premiers reportages, les mineurs et les pauvres, puis l’épreuve de la mort à travers l’objectif. Le Dr Martin, la sentant réceptive, l’envoie vers un médecin homéopathe : Neill. Une rencontre qui se révélera un détonateur. De retour chez elle Sasha s’empresse de classer tous les documents qui traçaient la ligne fragile entre sa vie et la mort : « Rentrée chez moi, euphorique, j’ai ordonné mon désordre, marque de mon ordre. J’ai glissé les négatifs dans des pochettes de papier cristal, mis une housse sur mon agrandisseur… J’ai couché avec amour dans des linceuls de cartons numérotés, mes planches contact. Tous les témoins bruyants de l’omission des lâches, ces victimes hasardeuses de la décomposition du monde. Tous ces êtres mis en gerbe en Palestine, en Afghanistan, en Afrique, en Colombie, les small soldiers de Sierra Leone et du Liberia ou de Birmanie, les démineurs en culotte courte, les esclaves sexuels impubères, toute cette chair à canon de tous les canons, dont la disparition brutale ne lève aucune houle de remords chez leurs bourreaux, mais fait prier les foules pour le retour de l’innocence de l’enfance inviolée. Bref, tout mon foutoir de Gaston Lagaffe décalé, ma cuisine dont le seul génie expérimental se résumait à un monceau de bouteilles vides et de boîtes de conserve à peine entamées, mon chat et mes livres. »

Étonnée par le résultat que Neill obtient rapidement sur elle, Sasha se met en quête du passé de celui-ci. Humble et secret, Neill la redirige vers une de ses amies : Catherine, qui vit dans le Jura. Elle y rencontre Pedro, la trentaine, maître de Tai Chi Chuan martial et Marianne, fille du Grand Nord. Sasha n’est pas au bout de ses surprises. Accompagnée de Shamaël, son guide spirituel, étrange gitane rencontrée en psychiatrie, de rencontres en discussions, elle s’apprête à cheminer vers un nouveau monde, celui de Ming Men, « La Porte de la Destinée », composé uniquement de « Bonnes Personnes ». Ming Men, un nouveau mode de pensée ? La découverte de cette organisation l’entraînera à se questionner sur l’essentiel et la découverte de son intériorité. Elle sera accueillie en Cappadoce par l’Ordre de Magdalena – la part invisible de Ming Men – qui « incarne la féminité, et au-delà de ce qu’elle a d’essentiel, la liberté intérieure », puis elle rejoindra le centre Ming Men de la Cordillère annamitique où se terminera un voyage  peuplé d’êtres exceptionnels. A commencer par Shamaël, observatrice assidue du monde qui n’intervient qu’auprès des « Bonnes Personnes ». Shamaël : la voix de la sagesse ? Celle de la raison ? L’étoile ? Le bon sens ? Le double de tout à chacun ? Shamaël : la connaissance du passé, du présent et de l’avenir. Puis, il y aura Neil, cet homme courageux qui dénonce la corruption de toutes les grosses structures et s’est donné pour mission de reprendre en main la gestion de Bergama, ancien nom de Ming Men, quitte à bousculer les idées reçues et rediscuter le bien-fondé de la démocratie, à sacrifier ce qu’il a de plus cher. Neill : Marxiste ? Mégalo ? Ou tout simplement inconscient ?
Portraits hors du commun, paysages sublimes, parfums entêtants, surprennent le lecteur au détour de chaque page. Oeuvre littéraire accomplie, mais aussi roman provocateur et dérangeant qui nous bouscule dans nos certitudes et met à jour les rouages du système que nous avons créé, »Les microbes de Dieu » pointe la transgression des valeurs sur lesquelles nous avons construit notre monde.
Cette œuvre est l’aboutissement d’un travail titanesque d’une infinie richesse culturelle où se côtoient beauté et justesse d’analyse, lucidité et utopie.

Les microbes de Dieu est un livre intelligent, rebelle, décapant, doté d’une rare qualité d’écriture qui rend aux mots leur force et leur beauté, une plongée dans les profondeurs de l’âme humaine, un appel à la défense du monde, un hommage à la féminité et à l’amour de soi et des autres ; un grand livre, un grand écrivain … un roman-vie qui mérite que vous lui consacriez quelques heures de lecture heureuse. – MARIE BRETIGNY (2012)

 

Les Microbes de Dieu, de Mélanie Talcott par MARIE FONTAINE, écrivain- 9/04/2012 (publiée sur son blog qui n’existe plus, mais si sur le lien ci-dessus)
Il est des livres qui ne se contentent pas d’un « j’aime » ou « je n’aime pas » aussi expéditif qu’un clic réflexe sur le désormais célèbre « pouce bleu », apanage d’un certain réseau social sur internet. Il est des livres qui ne s’oublient pas facilement une fois refermés, leurs dernières pages lues. Ce qu’ils contiennent s’immisce irrésistiblement dans l’esprit, le malmène, l’interpelle, le fait douter. Les Microbes de Dieu, de Mélanie Talcott est assurément de cette veine-là.

Le livre s’ouvre sur la mort et la souffrance et se referme sur la renaissance et l’apaisement. Entre ces deux points le lecteur est invité à suivre de multiples chemins, jamais droits, avec chacun son lot de révélations, qui sont comme autant de barreaux à gravir pour s’élever sur l’échelle de la connaissance du monde, miroir de la connaissance de soi.

Tout commence par la chute, au sens propre et figuré, d’une jeune femme, Sasha, photographe de guerre. Son corps et son esprit finissent par craquer d’avoir trop côtoyé l’horreur. Dans l’hôpital psychiatrique où elle se retrouve hospitalisée, c’est une gifle qui lui fait prendre conscience qu’elle a le choix, la gifle de Shamaël, femme surnaturelle qui n’apparaît qu’à ceux capables de la voir, mémoire vivante de l’évolution du principe féminin au sein de notre monde. A travers elle, l’auteur devient archéologue pour remonter en creusant dans les strates de l’histoire, jusqu’aux sources du dérapage originel, responsable du déséquilibre actuel de nos sociétés. L’on découvre ainsi l’existence de l’ordre secret de Magdalena, émanation matérielle de ce principe féminin vital que l’humain s’acharne à détruire, mais qui œuvre malgré tout dans l’ombre depuis la nuit des temps à faire balancier face au mal. Sasha comprend donc qu’elle a le choix. Elle entreprend alors un long périple à travers le monde, au cours duquel elle rencontrera des personnes essentielles à sa volonté de renaissance.

Le voyage de Sasha est le prétexte au développement d’une galerie de personnages hors du commun, à commencer par Neill, homme juste et profondément bon, à qui incombe la charge de remettre sur les rails l’organisation d’une gigantesque association humanitaire, gangrénée de l’intérieur par la folie de ses propres profits. Mais cet assainissement n’ira pas sans réclamer son lot de sacrifices inhumains, paradoxalement.

Les personnages de Mélanie Talcott se confrontent le plus souvent par la parole. Il y a beaucoup d’oralité dans ce roman. Shamaël et Neill, entre autres, n’ont pas leur pareil pour pousser leurs interlocuteurs jusqu’au fond de leurs doutes, de leurs intimes contradictions. Ils favorisent chacun la prise de conscience en donnant la parole à autrui ; la réflexion est menée par le verbe, ce qui n’est pas sans évoquer la maïeutique de Socrate, cette méthode basée sur l’interrogation dont le but est de faire prendre conscience à l’interlocuteur de ce qu’il sait implicitement pour ensuite l’exprimer et l’évaluer. Le lecteur se prend très vite au jeu et finit par à son tour aboutir à sa propre réflexion. Un fait à saluer car force est de constater que peu de livres à l’heure actuelle peuvent se targuer de participer à l’élévation de l’esprit.

L’auteur se sert par ailleurs de la matière des mots de ses personnages pour ériger les piliers entre lesquels se tend la trame de son roman, à la fois historique, sociale, culturelle et spirituelle. Sans condamner ni juger, elle nous dresse à travers elle un état des lieux implacable de notre monde, entièrement dépourvu de la guimauve du politiquement correct. Les Microbes de Dieu n’hésite pas à remettre en cause de nombreuses institutions devenues incontournables dans notre paysage socioculturel, dont font partie certaines célèbres associations humanitaires ayant depuis longtemps oublié que « du bien-être de tous dépend celui de chacun ». Cela pourra choquer et pourtant… Mélanie Talcott est tout simplement une diseuse de vérités qui ne manque pas de courage pour oser écrire tout haut ce que certains, j’ose croire de plus en plus nombreux, pensent tout bas. L’on comprend dès lors l’importance capitale de son livre dans une société comme la nôtre, au sein de laquelle règnent la corruption et la mauvaise foi en maîtresses absolues. Mais pointer du doigt les aberrations de notre société ne suffit pas. C’est pourquoi l’auteur va plus loin en nous proposant un autre modèle, dans lequel chacun est au service de l’autre, pour une mise en pratique réelle de l’adage cité plus haut : du bien-être de tous dépendant celui de chacun, antithèse d’un individualisme galopant en passe de devenir la norme à l’échelle planétaire. Il s’agit de Ming Men, la Porte du Destin en chinois, vaste organisation imaginée et gérée par Neill. Elle remplace Bergama, malade de ses dérives accumulées au fil des ans. Ming Men utopique ? Peut-être… Quoi qu’il en soit, au point où en est arrivée l’humanité, cela vaudrait vraiment la peine d’essayer un tel modèle.

Le livre de Mélanie Talcott pourra décourager par son ampleur et son ambition, par la richesse et la densité de son écriture, qui vont délibérément à l’encontre de la simplification à outrance caractéristique de notre temps. Mais entreprendre ce long et sinueux voyage avec elle ne décevra pas ceux qui auront le courage de déchiffrer sa pensée effervescente, page après page. Car on sort de cette lecture incontestablement changé, on porte sur le monde, mais également sur notre propre intériorité, un autre regard, plus lucide et plus interrogateur, avec l’ineffable sensation d’avoir étanché une soif que l’on ne soupçonnait même pas avant de commencer à lire, en buvant à la coupe tendue par l’auteur. Je ne vous dirai pas qui sont les Microbes de Dieu qui donnent leur nom au roman, je vous laisse les découvrir par vous-mêmes et vous souhaite de garder à jamais au fond de vos cœurs l’émotion suscitée par les graines d’espoir qu’ils portent en eux, semées un peu partout à la surface de notre bonne Terre.

 

French Writers Worldwild (lien rompu) Talcott, Nyctalope
Au début il y avait la vie, et vous n’en faisiez pas encore partie,
Puis vous étiez là vous n’aviez rien demandé, mais cela vous convenait d’être là,
Vous avez appris, vous avez fait de votre mieux,
Vous êtes tombé et vous vous être relevé,
Et la vie continue alors que vous n’êtes plus là.
Et pourtant ….
Même si vous n’êtes plus là votre influence perdure…

Est-ce par Orgueil que l’on devient photographe de la mort ?
« Quelques secondes pétrifiées dans une belle lumière, une qui vous fait ressortir les noirs profonds et la transparence des blancs, un beau contraste avec de la profondeur de champs et l’horreur est piégée, dans la boîte, bien lisible au développement ».

«On n’a pas mal de ce que l’on ne voit pas ! » Alors le choc des photos prit le pas sur le poids des mots de Sasha, correspondante de guerre . Elle avait tellement de choses à dire, à dénoncer, à crier, à tuer…C’était important pour ceux de là-bas, les oubliés. La vie n’est-elle qu’un champ de tir où chacun viserait quelqu’un ou quelque chose ?
« Toutes les photos blessent, la dernière tue »
Sasha est allée jusqu’au bout de la vie …

Mélanie Talcott, par ce nouveau roman, aurait pu nous faire plonger dans une solitude profonde, un peu glacée d’une vaste étendue de millions d’étoiles éteintes.
Bien au contraire…
Le lecteur, atteint de cette muette contemplation, un peu mélancolique, aiguise son esprit et ravive la clair-voyance dans la géographie des erreurs de l’humanité qu’il a entreposée dans sa mémoire, labyrinthe aveugle de flash-backs qu’elle nous compose.
« Le chaos du monde extérieur est souvent le pâle reflet de notre chaos intérieur »

Les Microbes de Dieu est un prétexte, un livre qui sera fiction pour certains d’entre vous ou non, en relation avec les fonctions cognitives du cortex cérébral de chacun. La maladie est un déséquilibre énergétique. « Ecrire » est une façon de créer une nouvelle tonalité dans une unité retrouvée.
C’est ainsi que le lecteur touché par cette œuvre initiatique, pesanteur et grâce, ne pourra rester indifférent, le livre clos, continue à  habiter votre esprit critique endormi par un certain confort, il va rayonner par la remise en questionnement et « l’indignation ».

Mélanie Talcott, comme un laser sur un point d’acupuncture,  brûle les cicatrices des origines historiques des blessures de ses personnages…régénérescence de la pensée, rien ne se créer, tout se transforme…Voyageur du monde, elle en a vu de toutes les couleurs et le Noir est devenu, l’invisible voyant.
Tel un catalyseur, l’auteur vous rend partie intégrante  du contenu du tube à essai qu’elle précipite avant l’emploi… elle transcende la violence des mots en introduisant Shamaël, symbolique du ‘Dieu aveugle’, voix intérieure qui renvoie les propos des uns et des autres comme le rayon de lumière sur des miroirs en quinconce…

Shamaël doit son existence toute relative à l’ignorance humaine, elle n’est que la déviation de la lumière primordiale qui ensevelie en la Matière, enveloppée en l’obscurité et réfléchie dans le désordre de la conscience humaine, tend constamment à se faire jour. Cette déviance par les souffrances qu’elle entraîne, peut cependant être le moyen de reconnaître la véritable hiérarchie des valeurs, et le point de départ de la transmutation de la conscience qui devient ensuite capable de réfléchir purement la lumière originelle.
Ne dit-on pas «pécher par ignorance ! ».
Shamaël va vous raconter l’histoire de Neill, passeur de mondes, (Irlande,Egypte,Espagne), de Marta (Inde,yoga), Anton (Irlande), Birgit (juive, cabbale, musique) , Nalayam (vietnam, art martial vietnamien), Lady Eben (Afrique du Sud), Richard (Vietnam,Irlande) à travers celle d’une puissante organisation qui les relie les uns aux autres et celle d’un ordre féminin très ancien. Ce sont tous des rescapés de la « folie des Hommes », et par leur humilité, ils sont  devenus des semeurs de vie…

Le lecteur ne sera pas surpris de revisiter les symboles que l’on rencontre le plus souvent dans les différentes cultures ou obédiences du monde (politiques, religieuses, et économiques), dont il a perdu la connaissance pour la raison que le vacarme humain contemporain les rend muets, voire les brouillent sciemment.

Ce livre est truffé de symboles,  de la roue perfection du  cercle, de la clepsydre  à eau symbole de la nuit des temps, il vous rafraîchit les neurones, et vous donne le statut « éveillé »;« Avant de  pouvoir comprendre ce qui est occulte, il te faudra apprendre à déchiffrer ce qui est du Monde »  sans jamais perdre de vue l’importance des lois biologiques qui animent notre monde.
Mélanie Talcott possède un style littéraire calcinant, alternant lumière/ombre, elle est parfois Léopard, parfois chat, la constante impatience du stylo-bille…des expressions imagées qui vous frappent en plein jour : « Quand on n’a plus de chameaux à seller, on selle son chien« .

Un auteur qui ne souffre aucune comparaison dans le monde littéraire du 21 ème siècle.
Certains passages écrits dans un style plus cinglant vous donneront le sentiment que le souffle de la gifle n’est pas passé loin …

« Une Attitude de chiffe molle, et quand je dis chiffe molle, je veux dire incapable de donner la vie …dit Neill. Cette Attitude est de plus en plus fréquente chez la plupart de nos contemporains, du riche à l’économiquement faible, de l’intellectuel salonard au décérébré, du people clinquant au plus anonyme, de l’écolo bio à l’alternatif mystique. Pauvre gens homogénéisés, pasteurisés, capotés à fond les neurones, qui n’ont rien pour se dépasser ! Tous biberonnent la presse people et la télé-réalité, en croyant y trouver un esthétisme de la pensée. Ces jet-seteurs pour le fun ont toujours une opinion sur tout et peuvent parler de la dernière montre de Dior, du cocktail machin ou du dernier potin politico-croustillant, des camps en Somalie, ou de la guerre en Afghanistan avant de terminer par un commentaire désobligeant sur leur père, homme d’affaires ou émigré espagnol, qui est en train de mourir du cancer, et tout cela sur le même ton ! » p 175.

Il y a une réflexion sur les enfantements de la démocratie d’aujourd’hui qui en fera réfléchir plus d’un, chacun aura l’occasion de balayer devant sa porte…
L’Ordre comme le Désordre peuvent engendrer des Exaltés, et l’on peut tuer par excès de dévotion, hurler à la mort le repos éternel du cimetière des justes…
Les lois universelles inamovibles qui nous gèrent même dans le désordre, sont-elles la quintessence avant l’homme et même après lui ?
Tout comme l’émergence de la vie a fondamentalement transformé la géosphère, l’émergence de la cognition humaine transforme fondamentalement la biosphère. A toutes époques de l’Humanité il y eut des hommes et des femmes qui ont cherché à comprendre, qui y ont consacré leur vie, qui ont mené des recherches minutieuses sur ces  questions qui préoccupent l’Homme Moderne, des personnes qui ont lancé des ponts entre une chose et l’autre..
La gravité de ce que nous sommes aujourd’hui et vivons actuellement est absolument liée à ce que nous consommons, elle implique des meurtres.
« Des gens meurent de soif faute d’eau potable pour que tu puisses « ouvrir du Bonheur » en bouteille, ignorant sans doute que le coca-cola a aussi fait le ravissement des nazis. »
« Ce sont les serrures sur ta porte et ta carte électronique pour l’ouvrir qui expriment le degré d’amitié que tu as envers les gens. C’est la caméra en bas de ton immeuble qui prend mesure de ta relation au monde. Alors, oui , nos sages ne sont plus. Le bien commun d’aujourd’hui c’est chacun pour sa chapelle ! Exactement comme la cellule cancéreuse qui ne sait même pas qu’une autre cellule existe juste à côté d’elle, et ne manifeste aucune curiosité quant à sa vérité » .p298.

L’homme en lui-même n’est pas une finalité il n’est qu’une étape de plus dans la vie de L’univers.
Des clefs de lecture vous sont offertes par Mélanie Talcott, durant votre cheminement livresque, vous avez la liberté intellectuelle de les utiliser ou de les refuser.
«Cherche la réponse en ce même lieu d’où t’est venue la question »

Après les interrogations, le message primordial du livre, vous serez invité par l’Auteur dans cette immense bibliothèque circulaire virtuelle dont le toit se perd dans le ciel, sans chaise ni table, vous serez invité à vous asseoir dans le cercle accumulateur d’énergies, au centre un bol d’eau, et avec votre intervention vocale, vous pourrez communiquer avec les autres lecteurs la dimension et le côté le plus lumineux de votre réflexion sur le monde. Et si cette  roue peut devenir une expression d’une intention, vous deviendrez à votre tour des semeurs de vie.
Marie-Christine Dehove © Frenchwritersworldwide.com -27 novembre 2011.
Livre sélectionné pour le livre du mois de Décembre 2011

 

Rédaction Euro Media – 22/01/2012

Installez-vous confortablement et dégustez Les Microbes de Dieu, un livre décapant pour les neurones. Passionnant et passionnée !
Un roman atypique, à ne pas manquer dans le foisonnement littéraire de cette rentrée, édité par une jeune maison d’édition, L’Ombre du Regard.

Son auteur, Mélanie Talcott, brouille les pistes, laissant au lecteur des indices afin que le lecteur se forge sa propre opinion sur la part de réalité et de fiction, qui nous entraînent sur les traces d’une femme, Sasha Miller, photographe de guerre, dont l’histoire est aussi partie prenante de la nôtre.
Comme le rappelle la quatrième de couverture, toutes les horreurs qu’elle a visionnées, les mêmes que l’on digère quotidiennement entre la poire et le fromage, l’ont dépouillé d’elle-même, la laissant au bord de la folie. Shamaël, un personnage hors du temps et de tous les temps, va lui donner l’opportunité de se battre pour que sa vie retrouve ses marques. A travers l’histoire d’une puissante organisation anonyme, Ming Men, – en proie à des luttes intestines et en butte à des opposants plus déterminés -, dont Neill, médecin à la retraite, est le responsable, Sasha va entreprendre un voyage extérieur qui la conduira d’Espagne jusqu’en Cappadoce, parallèlement à un autre plus intérieur, étoilé de rencontres avec Marta, Birgit, Anton, Richard, Lady Eben et bien d’autres, riches en rebondissements et remises en question, qui lui redonneront l’appétit de vivre.
Fort bien écrit, ce roman se révèle en prise totale avec l’actualité et nous rappelle – avec tendresse mais sans concession – que ne pouvons imaginer une autre société si nous ne rêvons pas d’abord à ce que nous pouvons être – acte créateur s’il en est – fondé sur l’adage simple mais galvanisant : du bien-être de tous, dépend celui de chacun.

 

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